Un héritage à laisser en héritage
Centre d'histoire Arvida, fonds Wellie Bourque.
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Un héritage à laisser en héritage

Un héritage ne nous rend plus riches que si nous l’enrichissons. Nos ancêtres ont forgé l’avenir au présent. Ils nous ont légué des champs cultivés, des barrages, des usines, des institutions, des villes et des villages, mais ils nous ont surtout transmis des valeurs et des savoir-faire.

De génération en génération, ils nous ont laissé des coffres d’outils remplis de trésors qu’il nous appartient de faire fructifier : l’audace et le courage, la solidarité dans l’épreuve, la curiosité et l’invention, l’humour et l’amour des arts, la débrouillardise et l’esprit d’entreprise, la persistance dans le travail, le désir d’autonomie et l’ouverture au monde. Nos ancêtres voyaient loin. À nous, et à tous ceux qui nous ont rejoints, de suivre leurs traces et de faire en sorte que les terres qu’ils ont laborieusement labourées ne retournent pas à la forêt.

Laisser sa marque

Présenté par: Musée du Fjord

Haute armoire en bois. Sur la partie supérieure : deux portes carrées avec poignées rondes en bois. En dessous : une porte horizontale faisant toute la largeur du meuble. Sur le côté droit : un support et une serviette. Sur la partie inférieure : deux portes rectangulaires avec poignées rondes en bois.
Mars Simard, Armoire, v. 1840. Bois, métal. Musée du Fjord. Photo : Paul Cimon.

En 1838, Mars Simard se laisse tenter par l’aventure de la colonisation du Saguenay. Il quitte Baie-Saint-Paul, emportant avec lui son esprit d’entreprise et ses outils. Il s’installe de l’autre côté de la baie des Ha! Ha!, à l’embouchure de ce que l’on nommera bientôt la rivière « à Mars ». 

Rapidement, ses affaires prospèrent. Avec la collaboration de la Société des vingt-et-un, il construit une importante scierie. Il aménage un quai, fabrique des goélettes, des couchettes et des chaises. Il meuble sa maison d’une imposante armoire, témoignage durable de son labeur et de son talent. Peu à peu, une communauté venue de son coin de pays se rassemble à l’ombre de son moulin, empiétant sur ses possessions. En 1845, un rapport d’arpentage divise les champs qu’il a cultivés. Il plie à nouveau bagage et part s’établir sur les terres du Grand-Brûlé, devenant ainsi l’un des premiers habitants de ce qui deviendra « Laterrière ».

Bâtisseur culturel : Mgr Victor Tremblay Cent ans, ça se fête! Afficher ses couleurs Un air de fierté

Joseph-Eudore Lemay : don de mémoire

Présenté par: Société historique du Saguenay

La photographie ne fait pas que capter le moment présent; elle préserve le passé. Les bâtiments disparaissent, les villes se transforment, les personnes meurent, mais les images demeurent.

Né à Québec, Joseph-Eudore Lemay s’intéresse à l’art photographique dès l’âge de 15 ans. Il arrive à Chicoutimi en 1906 et ouvre un studio sur la rue Racine. Portraitiste réputé, il aime la lumière naturelle qui, selon lui, atténue les contrastes et rend mieux la douceur des visages. Dans son atelier aux larges fenêtres défilent des notables et de simples citoyens, des membres du clergé et des séminaristes. Une toile peinte en fond de décor, quelques accessoires, et nous voilà tantôt dans un élégant salon; tantôt en plein hiver. À sa mort, en 1947, sa fille et assistante, Aline, poursuit la tradition jusqu’en 1968. Elle lègue alors un trésor à la Société historique du Saguenay : 70 000 négatifs, portraits vivants d’une époque révolue.

Une histoire en trois dimensions À vol d’oiseau
Éclairé par une table lumineuse, à gauche, un négatif montrant cinq enfants. À droite, tenu par une main gantée, un négatif montrant un homme debout, avec un grand manteau, un chapeau rond dans la main droite, un parapluie dans la main gauche. En haut, une inscription à l’encre bleue : J.-E. Lemay, 1906.
Joseph-Eudore Lemay, Joseph-Eudore Lemay dans son studio. Photographie sur plaque de verre. Société historique du Saguenay, Fonds Joseph-Eudore Lemay, P090, S1, P00021-01. Joseph-Eudore Lemay, Les 5 filles de Joseph-Eudore Lemay (Debout, de gauche à droite : Mariette, Sabine, Aline. Assis, de gauche à droite : Madeleine et Alice.). Photographie sur plaque de verre. Société historique du Saguenay, Fonds Joseph-Eudore Lemay, P090, S1, P16225-01.

De l’idée au lingot

Présenté par: Centre d’histoire Arvida

Un lingot d’aluminium de couleur argent. Beaucoup plus long que large, il s’évase du bas vers le haut. Inscription sur le dessus : PLS, pour Usine de petits lingots Saguenay.
Lingot/Ingot Arvida 50 Lbs. Aluminium. Centre d'histoire Arvida. 2021-123. Photo : Paul Cimon.

Le Saguenay n’était pas encore ouvert à la colonisation que déjà l’aluminium faisait rêver. Découvert en 1825, on l’estime alors plus précieux que l’or, mais sa production pose problème. Comme il n’existe pas à l’état pur, il faut l’extraire des matières premières qui le contiennent. Et ce n’est pas une mince affaire.

En 1886, sans s’être consultés, deux jeunes chercheurs, l’un français et l’autre américain, mettent au point le procédé de l’électrolyse, qui permettra la fabrication industrielle de l’aluminium à un coût abordable. Léger, malléable et pratiquement inaltérable, le métal argenté a un bel avenir devant lui, à condition d’avoir accès à l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les usines. C’est ce qui attirera au Saguenay le président de l’Aluminium Company of America, Arthur Vining Davis. Ce dernier dispose des fonds; nous avons la puissance hydroélectrique. Le premier lingot est coulé le 27 juillet 1926 aux nouvelles installations d’Arvida. Ce sera le début d’une longue aventure.

Arvida : une ville signée Arvida : la construction d’un idéal Une histoire dans une boîte à lunch Effort de guerre

Avoir chaud!

Présenté par: Musée de la défense aérienne

Il y a deux sortes d’héritages : ceux qu’on nous lègue, et dont on dispose individuellement, et les héritages collectifs, fruits de l’histoire, qui sont d’autant plus précieux qu’ils sont fragiles. 

La Seconde Guerre mondiale est à peine terminée que déjà une nouvelle se profile : ce sera une guerre froide, et elle donnera chaud à l’humanité. L’URSS et les États-Unis détiennent la bombe atomique. C’est « l’équilibre de la terreur ». La paix ne tient qu’à un bouton. Le Canada ne possède pas d’armes nucléaires, mais, devant la nécessité de stopper toute attaque soviétique éventuelle, il pourra disposer d’une partie de l’arsenal américain. Les premières roquettes Air-2A Genie, dotées d’une ogive nucléaire, arriveront à la base militaire de Bagotville en mai 1965. Elles seront installées sur des chasseurs CF-101 Voodoo du 425e Escadron Alouette. Elles quitteront le Saguenay en avril 1984, sans jamais qu’aucune d’entre elles ne soit tirée. La région, au diapason du monde, a eu chaud!

À vol d’oiseau Effort de guerre Faire corps Venus pour apprendre Des oiseaux de métal
Une roquette Air-2A Genie composée d’un cylindre blanc-beige terminé par une ogive de forme conique contenant une charge nucléaire. Au bas : empennage composé de quatre ailettes disposées autour du corps de la roquette. Hauteur : 2,95 m. Diamètre : 0,44 m.
Roquette Air-2A Genie. Musée de la Défense aérienne, 2009.0230. Photo : Paul Cimon.

Un foyer en héritage

Présenté par: Société historique du Saguenay

De gauche à droite : une boîte et une bobine de film en partie déroulée et trois séries de documents retenus par des trombones. Sur celui du dessus : une liste de noms dactylographiée et annotée et un document relié sur papier rose daté de 1946 avec le titre calligraphié à la main.
Premiers propriétaires des résidences du quartier. Document textuel. Société historique du Saguenay, Fonds Foyer coopératif de Chicoutimi, F0002, S1, SS1, D8. Rapport sur les problématiques de logements. Document textuel. Société historique du Saguenay, Fonds Foyer coopératif de Chicoutimi, F0002, S1, SS1, D10.

1944. Chicoutimi vit une importante crise du logement, mais la ville refuse d’ouvrir de nouvelles rues. Un groupe de citoyens lance le projet d’une « cité-jardin ». Ainsi naît le Foyer coopératif, un quartier d’habitation entièrement planifié. Tout y sera conçu en fonction de la famille, du nombre de chambres dans les maisons à construire jusqu’à la dimension du terrain de jeu.

Le chantier est vaste : recrutement de membres, apprentissage du mode coopératif, négociations avec les instances gouvernementales, dessins des plans d’urbanisme et d’aménagement… Après des centaines d’assemblées générales et de réunions, les maisons apparaissent, une à une. La germination a été longue, mais les plants qui sortent de terre sont forts et généreux. Les fleurs de la « cité-jardin » sont vivaces. Les arbres qu’on y a fait pousser croissent toujours dans l’actuel quartier Notre-Dame-du-Saguenay. Les archives du projet, témoignages d’une vision, font encore rêver aujourd’hui.

Arvida : une ville signée

Arthur Villeneuve : une maison dans un musée

Présenté par: La Pulperie de Chicoutimi, musée régional

1957. Arthur Villeneuve, barbier de profession, entend à l’église la parabole des talents de saint Mathieu : tout homme a reçu un don qu’il se doit de faire fructifier. Il prend une décision qui changera sa vie. Il deviendra artiste, « peintre naïf primitif », dira-t-il plus tard.

Il amorce son œuvre maîtresse en recouvrant les murs de sa maison de fresques colorées racontant sa ville, sa région et sa vision du monde. Il y travaille 18 mois, de jour comme de nuit, et ouvre au public son « Musée de l’artiste » en 1959. En dépit de l’incompréhension et des moqueries initiales, il persiste et… peint. Le Musée des beaux-arts de Montréal lui consacre une rétrospective en 1974. En 1993, le gouvernement canadien reconnaît sa maison comme trésor national. L’année suivante, elle est déménagée à La Pulperie de Chicoutimi − Musée régional. Venez voir! Sous ses coups de pinceau, les murs parlent!

Solides et solidaires Au rythme des saisons et du violon
À l’intérieur d’une ancienne usine est posée une maison québécoise traditionnelle. Sa façade, couverte de fresques colorées, est percée d’une porte et de deux fenêtres qui laissent entrevoir les murs intérieurs entièrement peints aussi. Le mur droit de la maison ne porte pas de dessins.
Arthur Villeneuve, Maison Arthur-Villeneuve, 1959. Bois, métal, verre, peinture. La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional, 1994-0800.1-3. Photo : Paul Cimon.