Grandeur nature
Mariette Tremblay, circa 1940. Musée du Fjord.
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Grandeur nature

Au Saguenay, l’espace a de l’espace. La nature est immense, et elle nous fait grandir. Sur le pas de notre porte, elle nous lance une invitation, et nous l’acceptons. Bouleversante de beauté, elle nous attire; terrain de jeu quatre saisons, elle nous retient.

Nous sommes d’eau et de forêts, de montagnes se mirant dans un fjord profond, de sentiers ombragés menant à la découverte de tableaux lumineux. Explorateurs d’un jour ou de toute une vie, nous profitons de ses bienfaits pour nous ressourcer ou pousser plus loin nos limites. Vaste, elle ouvre nos cœurs et nos esprits; domptée, elle nous donne du travail et contribue à notre développement; fragile, elle commande le respect. Terre fertile pour toutes les utopies, elle nous permet d’atteindre les plus hauts sommets. La nature est dans notre nature. Nous sommes les territoires que nous traversons et qui nous traversent.

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Un pays de rivières

Présenté par: Musée du Fjord

Une carte de 1744. Au centre, une pointe triangulaire traversée par la rivière Saguenay. Ombragés de jaune, les emplacements des lacs, rivières, anses et montagnes sont calligraphiés en langue française ou en innu. À droite, l’inscription fleuve Saint-Laurent. En bas, à gauche, une rose des vents surmontée d’une fleur de lys.
Jacques-Nicolas Bellin (cartographe), Guillaume D’Heulland (graveur), Carte du cours de la rivière Saguenay appelée par les Sauvage Pichtaouichetz, 1744. Musée du Fjord. Photo : Paul Cimon.

Pour les Premiers Peuples, la géographie est une science naturelle. Les rivières qu’ils empruntent coulent dans leurs veines. L’eau est l’encre avec laquelle ils tracent la route de leurs déplacements.

Comme leurs ancêtres, ils marchent le territoire en mocassins ou en raquettes, le descendent en canot, le portagent. Nomades, ils le nomment sans jamais se l’approprier, dans une langue imagée décrivant les aspects permanents du paysage. Dans la vaste étendue parcourue, ils se donnent des repères indiquant les points de rassemblement ou les obstacles à franchir. De tradition orale, ils inventent une toponymie aussi riche que belle : Chico8timi, Kin8gami8, Pastagoutsy, Papa8etiche, Shipshaw, Picopaochipou…

En 1744, Jacques-Nicolas Bellin, cartographe officiel du roi de France, dessine le réseau hydrographique du Saguenay. Des lieux identifiés, 63 sont inscrits en français et seuls 12 ont conservé leur appellation d’origine. Si l’on vous invite à pêcher le saumon sur la rivière Ouabouchkagama, saurez-vous la repérer sur une carte?

De foi et de fer Au Saguenay sur le Tadoussac

Contre vents et marées

Présenté par: Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil

3 novembre 1894. Demain, Françoise Simard amorcera les préparatifs menant à la création de la congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil. Pour l’instant, elle doit effectuer la courte traversée du Saguenay, de Sainte-Anne à Chicoutimi, à bord de la chaloupe d’Épiphane Gagnon. Son beau-frère, Cléophe Brassard, l’accompagne.

La rivière est calme. Soudain, les éléments se déchaînent. Les vagues menacent de faire chavirer le frêle esquif. De la rive, on ne l’aperçoit plus; on le croit coulé. Dans la tourmente, Cléophe rassure sa belle-sœur : « La fondation sera bonne; c’est le démon qui veut vous engloutir, mais il ne réussira pas. » Le calme revient, et la petite troupe arrive à bon port. Remerciant le ciel, Françoise Simard voit peut-être dans cette aventure l’illustration des défis que devra relever sa communauté. Mais elle sait désormais qu’elle ne sera pas seule : Dieu sera à bord et l’aidera à traverser les tempêtes les plus fortes.

Le costume de la foi Françoise Simard : une vocation tardive De l’appel à la pelle À l’école de l’enseignement Il fallait du courage…
Un vitrail. Sous un ciel gris, la découpe des morceaux de verre bleu rappelle le mouvement des vagues. Au centre, une petite barque avec à son bord trois personnes, dont une femme. À droite, en haut, une croix, une église et des maisons. En bas, à gauche, un imposant édifice rouge.
Ferland et Causfopé, Vitrail de la Traversée, Avril 1990, Chapelle du monastère des Soeurs de Notre-Dame du Bon-Conseil, 2009.25. Photo : Paul Cimon.

Avantages naturels

Présenté par: La Pulperie de Chicoutimi, musée régional

Une aquarelle de forme ovale illustrant la Compagnie de pulpe de Chicoutimi. Au centre, deux barrages divisent une rivière et encadrent des bâtiments industriels reliés à des rails. En haut, à gauche, des montagnes de billots près d’un grand moulin; plus bas, d’autres billes derrière un immense édifice d’où sortent d’autres rails.
Léopold Christin, La Compagnie de pulpe de Chicoutimi, v. 1923. Aquarelle sur papier. La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional, 1975-3188. Photo : Paul Cimon.

La nature fait bien les choses! À croire qu’elle avait prévu l’explosion de la demande pour le papier journal au détour du XXe siècle… Sur un site encore vierge, dans la partie est de Chicoutimi, se trouvait un écrin qui allait contenir un bijou d’entreprise.

La géographie des lieux suggère leur utilisation : en amont, de vastes forêts d’épinettes; au centre, une rivière fougueuse, source d’énergie à canaliser; en aval, un bassin débouchant sur le Saguenay, menant lui-même au fleuve, puis à la mer et aux marchés. Le potentiel de cet environnement unique n’échappe pas au maire de la ville, Joseph-Dominique Guay. En 1896, il fonde avec d’autres la Compagnie de pulpe de Chicoutimi. Au cours des deux décennies suivantes, d’immenses cathédrales industrielles dessinées par des architectes de renom s’inscrivent dans le paysage. Elles abritent des moulins de pâte à papier. Le Saguenay entre ainsi dans la modernité, tout naturellement.

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Une histoire en trois dimensions

Présenté par: Société historique du Saguenay

Au début du XXe siècle, un prêtre dont on ignore le nom accompagne le surintendant de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi, Eugène Tremblay, dans sa tournée hivernale. Il pratique l’art de la photographie stéréoscopique, qui permet de restituer l’impression de la profondeur et du relief. Véritable documentaire sur l’exploitation forestière, son œuvre lui a heureusement survécu.

À travers 113 images sur plaques de verre, il nous fait pénétrer dans l’action et nous transporte dans les paysages enneigés. On y découvre la vie dans les camps, le travail des bûcherons, le labeur des chevaux, les amas de billots, le flottage du bois, la drave, les rivières, les écluses, les chutes… Tout cela grâce à un legs à la Société historique du Saguenay effectué en 2019 par Rodrigue Larouche, le petit-fils d’Eugène Tremblay. L’histoire est aussi fragile que le support sur lequel elle repose. Conserver l’un, c’est préserver l’autre et pouvoir la raconter.

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En haut, au centre, une boîte de bois à l’intérieur rouge et contenant des plaques de verre. À gauche, deux lentilles encastrées dans une visionneuse en bois brun-rouge. À droite, une main gantée tenant une plaque montrant la mise à l’eau d’un canot. Dessous, une double photo de deux hommes devant un cours d’eau.
Eugène Tremblay, Le lac Kénogami en juillet 1914 / Drave sur le lac Kénogami. Photographies stéréoscopiques sur plaque de verre: Société historique du Saguenay, Fonds Eugène Tremblay, P0346, P029 et P060. Stéréoscope : Société historique du Saguenay, Fonds Eugène Tremblay, P0346.

À vol d’oiseau

Présenté par: Musée de la défense aérienne

Les missions qu’on leur confie sont variées : livraison du courrier, transport des civils et des marchandises, surveillance de la contrebande aux frontières, repérage des feux de forêt, relevés des terres vacantes et contribution à la cartographie du territoire. Du haut des airs, la région révèle ses véritables dimensions : forêts, rivières, lacs, plaines et montagnes… La terre vue du ciel dévoile sa nature. Le fjord du Saguenay, majestueux, trace son chemin dans le roc. Le Pekuakami, grand lac plat, étale sa tranquille grandeur. Çà et là, des villes et des villages émergent. Saisis par l’œil de l’appareil photo, les paysages du Saguenay−Lac-Saint-Jean sont tout simplement saisissants.
Caméra aérienne et rouleau de pellicule utilisés durant les années 1920. Musée de la Défense aérienne, 2009.0038 et 2009.0039. Photo : Paul Cimon.

1918. Fin de la Grande Guerre. Un an plus tard, le gouvernement canadien crée la Commission de l’air afin d’encadrer l’aviation civile et commerciale. Un nouveau type de vol attend les vétérans. Plusieurs se transforment en pilotes de brousse, alors que certains se consacrent à la photographie aérienne.

Les missions qu’on leur confie sont variées : livraison du courrier, transport des civils et des marchandises, surveillance de la contrebande aux frontières, repérage des feux de forêt, relevés des terres vacantes et contribution à la cartographie du territoire. Du haut des airs, la région révèle ses véritables dimensions : forêts, rivières, lacs, plaines et montagnes… La terre vue du ciel dévoile sa nature. Le fjord du Saguenay, majestueux, trace son chemin dans le roc. Le Pekuakami, grand lac plat, étale sa tranquille grandeur. Çà et là, des villes et des villages émergent. Saisis par l’œil de l’appareil photo, les paysages du Saguenay−Lac-Saint-Jean sont tout simplement saisissants.

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La fin du bois flotté

Présenté par: Centre d’histoire Arvida

22 octobre 1979. Une page se tourne dans l’histoire de l’exploitation forestière au Saguenay. Le dernier billot à avoir flotté sur la rivière aux Sables termine son voyage au moulin Price de Kénogami. C’est la fin d’une époque.

Depuis toujours, pour sortir le bois du bois, l’eau demeure la meilleure voie. En hiver, on abat les arbres à la hache, on taille au godendard des billots, on les corde sur d’immenses traîneaux montés sur des patins que de valeureux chevaux tirent jusqu’au lieu de stockage situé près d’un cours d’eau. Au printemps, on met les billes à l’eau. Plus fort est le débit de la rivière, plus rapide est la descente. Pour s’en assurer, on aura construit des écluses dont on ouvrira au besoin les vannes. On surveille surtout les embâcles, que les draveurs réussiront à défaire en utilisant leurs longues gaffes. Mais ce temps est révolu. C’est la fin des chemins d’eau. Dorénavant, les billots emprunteront les routes de terre.

Avantages naturels Une histoire en trois dimensions
Une bille de bois blond. Au centre, une étiquette de métal doré portant une inscription en majuscules : VESTIGE D’UNE ÉPOQUE. DERNIÈRE BILLE FLOTTÉE DANS LA RIVIÈRE AUX SABLES. OCTOBRE 1979.
Dernière bille de bois flottée dans la rivière aux Sables, octobre 1979. Centre d’histoire Arvida, collection Marguerite Belley, 2015.0046. Photo : Paul Cimon.