Pour les Premiers Peuples, la géographie est une science naturelle. Les rivières qu’ils empruntent coulent dans leurs veines. L’eau est l’encre avec laquelle ils tracent la route de leurs déplacements.
Comme leurs ancêtres, ils marchent le territoire en mocassins ou en raquettes, le descendent en canot, le portagent. Nomades, ils le nomment sans jamais se l’approprier, dans une langue imagée décrivant les aspects permanents du paysage. Dans la vaste étendue parcourue, ils se donnent des repères indiquant les points de rassemblement ou les obstacles à franchir. De tradition orale, ils inventent une toponymie aussi riche que belle : Chico8timi, Kin8gami8, Pastagoutsy, Papa8etiche, Shipshaw, Picopaochipou…
En 1744, Jacques-Nicolas Bellin, cartographe officiel du roi de France, dessine le réseau hydrographique du Saguenay. Des lieux identifiés, 63 sont inscrits en français et seuls 12 ont conservé leur appellation d’origine. Si l’on vous invite à pêcher le saumon sur la rivière Ouabouchkagama, saurez-vous la repérer sur une carte?