À la sueur de leur front
Société historique du Saguenay. P090-S1-P67910-1.
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À la sueur de leur front

L’installation sur un nouveau territoire n’est pas de tout repos. La paresse est un mot que l’on ne connaît pas. Pour subvenir à nos besoins, même élémentaires, on se retrousse les manches et on s’attelle à la tâche, le cœur vaillant.

On fait de la terre, on essouche, on laboure et on sème; on récolte et on engrange. On élève une famille, que l’on veut nombreuse et en santé; on cultive un jardin; on nourrit les animaux; on fait boucherie. L’hiver, les hommes montent au chantier pour bûcher; au printemps, certains se font draveurs. En ville, on s’échine au moulin ou à l’usine, dans des conditions difficiles et parfois dangereuses que les patrons et les syndicats, nouvellement formés, travailleront à corriger. Des communautés religieuses construisent des couvents, soignent les malades, ouvrent des classes.

La sueur qui coule sur nos fronts nourrit nos espérances. Ce que l’on bâtit durera. Demain sera meilleur, mais, chaque jour, l’aube point. C’est pour ceux qui viendront que l’on se remet à l’ouvrage.

Bâtisseur culturel : Mgr Victor Tremblay

Présenté par: Société historique du Saguenay

La couverture d’un manuscrit de 208 pages écrit en lettres cursives. En haut, à gauche, deux tampons ovales : Archives – Séminaire de Chicoutimi; Société historique du Saguenay – Fonds Mgr Victor Tremblay. Au centre, le titre : Mes souvenirs. Au bas à droite, une signature : Mgr Victor Tremblay, P. d’H.
Victor Tremblay, Manuscrit « Mes Souvenirs », 1970-1979. 208 pages. Société historique du Saguenay, Fonds Victor Tremblay, F0019, S01, SS01, SSS01

En 1970, au moment d’amorcer la rédaction de ses mémoires, Mgr Victor Tremblay s’étonne du développement rapide qu’a connu le Saguenay depuis le jour où son grand-père, François Tremblay, a coupé le premier arbre pour la Société des vingt-et-un en 1838. Son propre bilan était tout aussi remarquable.

Enseignant pendant 35 ans au Petit Séminaire de Chicoutimi, il nourrit en parallèle une passion pour le patrimoine, dont il fera sa seconde vocation. Il recueille avec d’autres des Mémoires de vieillards et contribue à la fondation de la Société historique du Saguenay, du musée régional et de la revue Saguenayensia. Dans la foulée du Centenaire de la colonisation, il publie son Histoire du Saguenay depuis les origines jusqu’à 1870 et donne à la région ses couleurs et son drapeau. Travailleur infatigable, il n’a qu’un seul credo : « Ne jamais oublier que le meilleur témoin de l’histoire est celui qui l’a vécue. » Hélas! Ses mémoires demeurent inédits!

Mes souvenirs : manuscrit de Victor Tremblay.

Afficher ses couleurs Un air de fierté Cent ans, ça se fête! Laisser sa marque

J.-E.-A. Dubuc : un roi en son royaume

Présenté par: Musée du Fjord

Jeune diplômé en commerce, Julien-Édouard-Alfred Dubuc arrive à Chicoutimi en 1892 pour y diriger, à 21 ans, la Banque Nationale. Il s’investit dans sa communauté et se fait rapidement remarquer par les élites locales, qui saluent cette « précieuse acquisition ». L’avenir leur donnera raison.

Le sang des affaires coule dans ses veines. Homme d’action et de vision, il s’implique très tôt dans l’implantation des services de téléphone, d’électricité et d’aqueduc de sa ville d’adoption. En 1897, il devient directeur-gérant de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi, qui sera considérée, dès 1910, comme la plus importante entreprise de pâte mécanique au Canada. En 1915, il intègre la North American Pulp and Paper Companies, un immense trust. On lui en confie la présidence et on le coiffe du titre de « roi de la pulpe ». « Un jeune homme de grand avenir », avait-on dit de lui. On ne s’y trompait pas.

Avantages naturels J.-E.-A. Dubuc : ambassadeur Une histoire en trois dimensions
Dans un cadre doré ouvragé, un homme de demi-profil regardant vers la gauche. Moustache, barbe et yeux bruns. Chemise blanche et nœud papillon blanc sous un smoking à double revers : l’un gris; l’autre, noir, qui s’amalgame au fond du tableau. Au bas, une inscription : J.-E.-A. Dubuc. 1871-1947. Fondateur.
Henri Beau, Portrait de Julien-Édouard-Alfred Dubuc, 1899. Huile sur toile, 95 X 120 cm. Musée du Fjord. Photo : Paul Cimon.

Effort de guerre

Présenté par: Musée de la défense aérienne

Une vue de côté d’un canon antiaérien Bofors 40 mm de couleur brune monté sur une plateforme tournante placée sur un socle adapté au dénivellement du terrain. Un long tube démontable pointe vers le ciel à un angle de 45 degrés.
Canon Bofors, v. 1940, Base des Forces canadiennes de Longue-Pointe, Montréal. Photo : Paul Cimon.

1939. Début de la Seconde Guerre mondiale. Le ciel de l’Europe se transforme en champ de bataille. Les Alliés ont besoin d’avions et d’aluminium pour les construire. Arvida devient une « ville secrète » sous haute protection militaire.

Le maintien de la production à l’usine Alcan constitue un enjeu stratégique capital. On craint une attaque suicide de la part de l’aviation allemande. Dès 1940, on ceinture les installations de canons antiaériens légers Bofors, auxquels on ajoutera des pièces plus lourdes en juin 1941. La hausse fulgurante de la demande pour l’aluminium force l’augmentation du nombre de salles de cuves. On construit en un temps record la centrale hydroélectrique de Shipshaw, qui sera elle aussi placée sous le parapluie de l’armée. La base militaire de Bagotville voit le jour en 1942. À l’abri des bombes, l’usine d’Arvida poursuit son effort de guerre jusqu’à la fin du conflit, scellant ainsi l’alliance entre le Saguenay et le monde.

Faire corps Avoir chaud! Venus pour apprendre Des oiseaux de métal Arvida : une ville signée

Une histoire dans une boîte à lunch

Présenté par: Centre d’histoire Arvida

Une boîte à lunch, c’est une simple boîte en aluminium que l’on transporte de chez soi à l’usine, puis de nouveau jusqu’à la maison. Mais, dans l’histoire d’Arvida, la boîte à lunch contient beaucoup plus qu’un peu de nourriture et un soda. C’est un objet phare, le symbole d’un gagne-pain, un signe d’appartenance.

Cette boîte emblématique renferme la promesse d’un travail bien rémunéré, l’assurance d’une vie meilleure pour sa famille et le souhait qu’un jour, l’un de ses enfants en obtienne une à son tour. Elle envoie un message d’engagement, d’ardeur à la tâche, d’endurance et de savoir-faire. Elle promène dans la ville la fierté d’être un rouage essentiel d’une importante industrie et l’un des maillons de la chaîne du développement régional. Elle manifeste l’adhésion aux valeurs du mouvement ouvrier, défenseur des droits collectifs et protecteur des conditions de travail saines et sécuritaires. Une simple boîte en aluminium contient plus qu’un repas : elle nourrit tous les espoirs.

Arvida : une ville signée Arvida : la construction d’un idéal De l’idée au lingot Effort de guerre
Trois boîtes à lunch en aluminium avec poignées en cuir, en plastique et en métal. L’une comporte un message sur autocollant rond : Processus d’élimination du risque. Une autre affiche un message sur une plaque métallique : Tu as un ami. Tu peux le protéger. S’il oublie, dis-lui de porter ses lunettes.
Boîte à lunch. Aluminium. Centre d’histoire Arvida, collection Marguerite Belley, 2012.0203. Photo : Paul Cimon.

À l’école de l’enseignement

Présenté par: Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil

Une photo de classe en noir et blanc. En bas, une inscription : élèves de 7e année. S.S.Léon. 32 jeunes filles sur cinq rangées de pupitres. Robes noires sur chemises blanches, boucles de ruban noir au col. À droite, deux grandes fenêtres; debout, une religieuse. Aux murs, cartes et illustrations.
Classe de Soeur Saint-Léon, 7e année, Fonds Normandin, Archives SNDBC. Photo : Paul Cimon.

Il y avait tant à faire. Les écoles étaient rare; les ressources, limitées; la formation des maîtres, insuffisante; et l’intérêt des parents, souvent absent. Pour les Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil de Chicoutimi, l’instruction des enfants allait devenir la mission d’une vie. Elles s’y livreraient craies et âme.

Au début du XXe siècle, la population augmente. Les demandes affluent de partout, rapidement trop nombreuses. Seules ou en petits groupes, les religieuses quittent le couvent pour quelques mois, en route vers l’inconnu. Les conditions de leur établissement ont été négociées par la supérieure générale : l’aménagement des lieux, la qualité du mobilier, le nombre de cordes de bois fournies, les tâches à accomplir, les salaires… Pour mener à bien sa mission, la communauté fait ses classes. Elle forme celles qui formeront les jeunes, encourage les études, célèbre l’obtention de diplômes, enrichit sa bibliothèque, accueille des spécialistes. Pour enseigner, il faut d’abord apprendre, ce que les Sœurs ne cesseront jamais de faire.

Le costume de la foi Contre vents et marées Françoise Simard : une vocation tardive De l’appel à la pelle Il fallait du courage…

De l’appel à la pelle

Présenté par: Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil

D’abord vouées à la vie spirituelle, les Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil, au moment de leur installation, se livrent avec ardeur aux travaux manuels. Leur désir d’autonomie et d’économie commande qu’elles cultivent un grand jardin qu’elles devront faire surgir de la forêt entourant leur couvent. Dans les annales de la communauté pour 1896, mère Saint-Elzéar raconte.

« Aussi dois-je avouer avec franchise et sincérité qu’il n’y avait rien de plus comique à nous voir avec nos costumes de défricheuses, instruments agricoles en mains; […] l’une avait donc une pioche pour déterrer les racines, une autre la bêche pour enlever au besoin la terre, et comme de véritables bûcheronnes quelques-unes s’exerçaient sur la hache […]. Pendant plusieurs jours et semaines on recommença les mêmes travaux et après avoir préparé la terre, on eut le plaisir de semer, se conformant d’avance à ce qu’elle voudrait bien nous donner, après lui avoir procuré tant de réparations. »

Le costume de la foi Contre vents et marées Il fallait du courage… À l’école de l’enseignement
Une double page d’un grand livre ligné. L’écriture soignée penche vers la droite. Dans la marge supérieure : 1896. Dans la marge de gauche : quelques dates. Un aperçu de la couverture en cuir rouge et vert. Au bas de la deuxième page, une trace de ruban adhésif recouvrant une déchirure.
Extrait des annales de la Congrégation, 1895-1896, pp. 17-18. Archives SNDBC. Photo : Paul Cimon.

Françoise Simard : une vocation tardive

Présenté par: Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil

Un buste sculpté en plâtre recouvert de peinture dorée. Une femme aux cheveux courts regardant légèrement vers la droite. Son sourire est discret. Elle porte un col orné d’un bouton en losange. Le début de son costume est fermé par cinq boutons.
Sœur Judith Perron, Buste de Françoise Simard, fondatrice (1851-1937), entre 1994 et 1999. Plâtre, peinture. Centre historique des Sœurs du Bon-Conseil. Photo : Paul Cimon.

Le chemin n’était pas droit; la route, non tracée d’avance, à moins qu’elle ne le fût par Dieu lui-même, qui en garda secrète la carte. Fille de pionniers établis à Saint-Alphonse-de-Bagotville, Françoise Simard ne pouvait s’imaginer qu’un jour, elle aussi deviendrait une pionnière.

Enfant, on la dit intelligente, énergique, appliquée et patiente. Elle entend l’appel de la vie religieuse, mais, par deux fois, sa santé fragile l’empêche de poursuivre son noviciat. Au service du curé de Baie-Saint-Paul pendant huit ans, elle met en valeur son esprit d’initiative et son sens de l’administration. Enseignante à Saint-Fulgence, elle se démarque par sa personnalité. En 1894, lorsque Mgr Michel-Thomas Labrecque, évêque de Chicoutimi, lui demande d’établir une communauté consacrée à l’instruction des enfants, elle doute de ses capacités à mener à bien une mission si importante. Elle accepte finalement et fonde, à 43 ans, la congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Bon-Conseil. Le chemin n’était pas droit, mais une lumière intérieure la guidait, et elle l’a suivie.

Le costume de la foi Contre vents et marées De l’appel à la pelle À l’école de l’enseignement Il fallait du courage…

De foi et de fer

Présenté par: La Pulperie de Chicoutimi, musée régional

Lorsqu’il arrive à Chek8timi en 1720 pour y reprendre la mission d’évangélisation des Jésuites, le père Pierre-Michel Laure n’y trouve qu’une vieille chapelle toute délabrée. Quand il revient sur le site du poste de traite en 1725 pour s’y installer définitivement, il lance la construction d’un nouveau lieu de culte.

Son point culminant sera le clocher que coiffera une croix de fer surmontée d’un coq. Légère et élégante, elle sera l’œuvre d’un maître-forgeron de Québec, Jean-Baptiste Lozeau, réputé pour la qualité de ses conceptions et la finesse de son exécution. En 1737, le père Laure part poursuivre son apostolat aux Éboulements. Il y décède l’année suivante. La mission de Chek8timi sera abandonnée, tout comme la chapelle qu’il avait lui-même décorée. Le coq se perdra dans la nature, et la croix veillera sur le repos des âmes dans deux cimetières successifs. Réapparue en 1932, puis restaurée, elle trouvera refuge en 1938 au Musée du Saguenay, dont elle constituera l’objet le plus ancien de la collection.

Un pays de rivières
Une croix de fer forgé. Hampe et traverse se terminent par une fleur de lys. Autour de la croisée, quatre arabesques identiques forment la décoration principale. Trois volutes aux dessins plus simples longent la hampe. Au bas de celle-ci, une inscription : Fait par Lozen. 1726.
Jean-Baptiste Lozeau, Croix de clocher, 1726. Fer forgé. La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional, 1975-2293. Photo : Paul Cimon.